L’imagination nous fait parfois prendre des chemins bien étranges et tortueux. De pensée en pensée, toujours sur le fil conducteur de la créativité, le résultat de ces connections cérébrales nous donnent souvent des œuvres étonnantes et complexes dans leur simplicité.


En voici la preuve sous vous yeux avec ces gros tabourets en forme de champignon qui sont en fait le résultat d’un long cheminement de pensées que je vais essayer de vous expliquer.

Ces tabourets, oubliés depuis trois ans dans le fond de mon jardin lavés à toutes eaux (pluie,neige,grêle), ont été élaborés dans un feuillu de jardin dont l’essence m’est encore inconnue à ce jour. Démonté branche par branche par un élagueur grimpeur et sauvé par mes soins d’une mort certaine à la déchetterie mais la chose ne fut pas aisée… il était fraîchement coupé donc très lourd de sève et en plus c’est un bois très dense et aucun moyen de sortir du jardin sans passer par l’intérieur de la maison… traversée mémorable de morceaux de tronc de soixante centimètres de long dans une brouette…

Mais ça en valait la peine car je trouve fantastique de pouvoir travailler avec du bois « frais », je m’émerveille à chaque fois de voir la transformation qui s’opère dans sa couleur, dans sa texture et même dans son odeur.

C’est un travail de longue haleine avant d’en arriver à sa forme finale, bien debout puis une fois couché il commence son cycle de transformation au contact de la terre. C’est à ce moment qu’il faut intervenir assez rapidement parce qu’il ne va pas cesser son évolution et ce jusqu’à sa disparition totale.

Après séchage au vent et lavage à l’eau de pluie, je me suis aperçu qu’il était toujours aussi lourd et massif j’ai donc décidé de lui rendre sa magnificence d’antan lorsqu’il se dressait fièrement sur ses racines.

L’idée d’en faire des tabourets m’est venue naturellement et assez rapidement, je voulais que l’on prenne plaisir à s’assoir sur une partie de ce tronc, confondre celui de l’homme et de l’arbre le temps d’un instant, le tronc humain se fait végétal le temps de prendre place sur cette embase stable.

Sa forme donnée à la tronçonneuse qui rappelle sa forme originelle élancée vers le ciel à partir d’une base solide mais ressemblant pour la plus part des personnes à de gros champignons des bois.

J’ai aussi entaillé les pieds de quelques stries afin d’illustrer les difficultés de la vie et rappeler en même temps les veines que l’on peut encore apercevoir sur le reste de l’écorce.

Et les voici donc après dépoussiérage et essai d’huile teintée pour l’un d’entre eux dans toute leur splendeur se présentant face à vous pour une nouvelle vie.

Donc voilà une partie de l’histoire de cet arbre devenu tabourets, il ne tient qu’à vous de leurs faire poursuivre leur petit bonhomme de chemin.